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B/R/T Le corps habité

3520 rue St-Jacques, Montréal

Du 1er novembre au 2 décembre 2007

B/R/T Le corps habité – Ingrid Bachmann, Natacha Roussel et Jane Tingley proposent un travail qui suscite, à travers des automates, une expérience à la fois physique et émotive chez le spectateur. Ce qui frappe d’emblée avec ces œuvres est l’utilisation de la technologie qui souligne des problématiques reliées au corps : le corps comme environnement sensitif (Jane Tingley), l’objet comme mémoire du corps (Ingrid Bachmann) et le corps comme expérience du déplacement (Natacha Roussel).

B/R/T Le corps habité – The Inhabited Body / Jason Arsenault

B/R/T Le corps habité – Ingrid Bachmann, Natacha Roussel et Jane Tingley proposent un travail qui suscite, à travers des automates, une expérience à la fois physique et émotive chez le spectateur. Ce qui frappe d’emblée avec ces œuvres est l’utilisation de la technologie qui souligne des problématiques reliées au corps: le corps comme environnement sensitif (Jane Tingley), l’objet comme mémoire du corps (Ingrid Bachmann) et le corps comme expérience du déplacement (Natacha Roussel).

Ces artistes s’inspirent de l’observation de faits et d’états pour induire différentes hypothèses que viennent soutenir leurs œuvres. Elles définissent des espaces de recherche afin de transmettre la complexité de l’expérience du corps à travers des projets issus des nouveaux médias. La technologie y est détournée de sa fonction utilitaire pour en faire des œuvres, en évitant de magnifier son usage et de l’instrumentaliser dans une démonstration technique. Bachmann, Roussel et Tingley soulignent ses failles, ses faiblesses, ses imperfections, à l’instar de celles propres au corps humain justement. Elles nous proposent un corps décortiqué comme matière mécanisée qui prend forme à travers l’installation, l’objet ou encore l’environnement immersif.

En déployant des systèmes électroniques et mécaniques, les trois artistes suggèrent de revoir ou de reconnaître le corps à travers la machine. Que ce soit en s’inspirant d’un voyage au sein du système nerveux central en simulant différentes couches de l’épiderme (Tingley), en nous proposant une symphonie de claquettes pour corps absent avec une série de 27 paires de chaussures (Bachmann), ou encore en tentant de nous amener à revoir notre propre démarche à travers une prothèse qui prend la forme de jambes mécanisées (Roussel), Bachmann, Roussel et Tingley démontrent divers moyens d’habiter le corps autrement qu’il nous est possible au quotidien.

Ces œuvres robotiques nous invitent à plonger en elles à travers des univers sonores qui allient un désir de confronter notre expérience de spectateur au bruit de la machine. Des sons mécaniques et métalliques qui transpercent l’espace sonore nous hypnotisent par leur rythme (Bachmann), tantôt nous surprennent par leurs sonorités industrielles (Tingley et Roussel). L’ensemble du travail sonore révélé par ces œuvres a pour effet d’installer un sentiment d’incertitude chez celui qui observe, qui écoute. Comme si ces machines examinaient, épiaient et cherchaient, par notre simple présence dans l’espace, à singer nos comportements. Le déploiement de ces environnements sonores a pour conséquence de stimuler notre attention sans répit et de nous placer en constant état d’éveil.

La conception contemporaine que l’on se fait du corps physique semble imparfaite en tant qu’entité. Trop de ceci, pas suffisamment de cela. Comme s’il y avait toujours quelque chose qui pouvait être amélioré, corrigé, rénové. Ce corps organique, par conséquent celui du spectateur, se retrouve confronté au corps machine, celui des œuvres. La machine bénéficie d’une aura qui module notre conception actuelle du monde. Elle se veut, dans notre mythologie moderne sans faille, offrant cette capacité d’être réglée, ajustée et remplacée au besoin si elle remplit mal ses fonctions. La machine amplifie le mythe de la perfection. Avec l’ensemble des avancées médicales et technologiques, le corps est appelé de plus en plus à fonctionner selon ces règles. Soulignons que l’intérêt chez ces artistes n’est pas de faire en sorte que ces corps-machines atteignent la perfection en les glorifiant, mais bien de les rendre quelque peu dysfonctionnels tout en étant complets et réussis en tant qu’objets, en tant qu’œuvres, afin de souligner ces rapports du corps à la machine.

Les œuvres réunies proposent au spectateur des expériences sonores et visuelles qui lui permettent de faire référence à la réalité de son propre corps tout au long du parcours, exerçant sur lui une force sans pour autant qu’il y ait un contact physique direct avec cette chose, avec l’œuvre. C’est par sa présence que l’expérience artistique s’ouvre à lui.

L’ensemble de ces œuvres souligne un désir d’expérimenter et d’explorer la technologie, non pas d’une façon froide et purement technique, mais plutôt comme une expérience de l’étrange liée au corps. Des œuvres technologiques s’inspirant de structures vivantes qui cherchent à confronter et à mettre en relation le corps organique à celui du corps machine, remettant ainsi en question le rôle et les fonctions de l’un et de l’autre.

Andrée Duchaine

Andrée Duchaine œuvre dans le milieu des arts visuels depuis 1973. En 1984, elle organise les premières rencontres vidéo internationales de Montréal avec le festival Vidéo 84. Elle s’implique également à titre de commissaire dans plusieurs expositions d’art-vidéo en Europe, aux États-Unis et au Canada. En 1985, elle s’installe à Paris et poursuit ses activités au niveau de la diffusion de courts-métrages auprès des chaînes de télévision à travers le monde, et crée sa compagnie de distribution de films.

Andrée Duchaine a travaillé à titre de contractuelle d’enseignement à l’Université du Québec à Montréal, en multimédia interactif. Elle a aussi enseigné à l’Université Paris VIII et à l’Université d’Ottawa. Elle a publié dans de nombreuses publications dont Parachute et la revue Espace. En février 2001 elle fonde Le Groupe Molior.

Jason Arsenault

Jason Arsenault détient une maîtrise en études cinématographiques. Il œuvre dans le domaine des arts visuels et médiatiques à titre de créateur et de commissaire indépendant. Il porte une attention particulière aux œuvres qui proposent une réflexion sur un renouveau spectatoriel. Il est actuellement président de l’organisme Perte de Signal.

Artistes et œuvres

Ingrid Bachmann
Symphony for 54 Shoes (Distant Echoes)

2007

Installation

C’est en intégrant des objets du quotidien dans son travail que Ingrid Bachmann questionne le sublime souvent associé à la technologie. Symphony for 54 Shoes (Distant Echoes) explore le pathétique de la technologie par la mise en scène d’actions improductives. Disposées sur six tablettes, 27 paires de chaussures bougent ou dansent indépendamment les unes des autres dans l’espace.

Dans cette œuvre cinétique, le mouvement des souliers cherche en quelque sorte à souligner l’absence des gens qui les ont portés. C’est pourquoi cette pièce n’est pas interactive. L’artiste a ajouté sur chacune d’entre elles un nécessaire à claquettes, créant ainsi un spectacle antispectaculaire où l’emphase est plutôt mise sur la création d’une ambiance sonore qui donne l’impression d’être aléatoire, mais qui est programmée pour donner cette impression. Ces sons dynamisent l’espace de diffusion offrant une présence auditive continue au spectateur. Cette expérience amène ce dernier à s’ancrer dans le présent, cherchant les sources sonores qui activent tel ou tel soulier tout en le laissant bercer par le rythme créé par l’ensemble de l’œuvre.

Assistance technique : Chris Flower

Conception et programmation des circuits : Erik Conrad

Soutien financier : FQRSC (Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture)

Vit et travaille à Montréal

Ingrid Bachmann est connue pour ses installations interactives combinant la technologie et des objets du quotidien. Multidisciplinaires, ses travaux relèvent des domaines du textile, de la sculpture et de l’art cinétique. Son utilisation de la technologie vise à la démystifier et à l’humaniser, en y intégrant une dimension sensuelle et émotionnelle destinée à contrer l’aliénation souvent associée à la machine.

Son travail a été exposé au Québec, au Canada et à l’étranger, notamment en Europe à plus d’une reprise. Elle a aussi participé à plusieurs évènements internationaux en arts visuels et numériques. Molior a présenté son travail dans le contexte de Despertar / Éveil / Alive, au Sesc Santana de São Paulo (Brésil) en 2014, Transitions / Transiciones, au Centro Cultural de la Pontificia Universidad Católica del Perú, à Lima, et lors de B/R/T Le corps habité à Montréal en 2007.

Professeure associée à l’Université Concordia (Montréal), Ingrid Bachmann a été membre fondatrice d’Hexagram, un institut interuniversitaire de recherche et de création en arts médiatiques. Elle est directrice de l’Institute of Everyday Life, un laboratoire-atelier sur le quotidien. Elle a été conférencière invitée au Goldsmiths College (Londres), à l’Université de Wollongong (Australie), à l’Université du Maryland (Baltimore) et à l’Art Institute de Chicago.

http://www.ingridbachmann.com/

Jane Tingley
Peripheral Response

2005-2009

Installation interactive

La sensibilité cutanée, avec ses récepteurs sensoriels, permet de transformer l’information extérieure en des impulsions nerveuses, qui passent ensuite par le système nerveux central afin d’être interprétées. Jane Tingley propose, avec Peripheral Response, un environnement interactif qui s’inspire de ce processus. Elle articule et robotise des modules qui martèlent mur et plancher afin de répondre ou de répliquer à la présence du visiteur.

Le simple fait de se trouver devant l’une des neuf composantes de cette œuvre permet d’activer une série d’actions propres à chacun des éléments que nous offre cet environnement immersif. Ce voyage au sein du corps nous emmène visiter différentes couches de l’épiderme, positionnant ainsi le spectateur au sein de la représentation. Sans sa présence, les éléments cessent de s’activer par l’absence de stimuli.

Peripheral Response est une représentation de la microscopique réaction en chaîne des divers éléments composant l’épiderme du corps humain. Le résultat est une impressionnante toile d’araignée, tel un réseau composé d’éléments sensitifs qui permettent une interaction avec le spectateur et qui sont reliés à un système nerveux central simulé, soit un programme géré par un ordinateur-cerveau contrôlant divers senseurs.

Pour son assistance technique, remerciements particulièrement à : Martin Peach

Soutien financier : Manitoba Arts Council, Rossetti Montréal, le Centre interuniversitaire des arts médiatiques (CIAM), P.E.O. (Philanthropic Educational Organization)

Détentrice d’une maîtrise de l’Université Concordia (2006), Jane Tingley utilise les nouveaux médias, la sculpture et l’installation dans sa pratique artistique afin d’explorer les idées touchant l’identité et l’expérience contemporaine. Elle est un des membres fondateurs du collectif Modern Nomads et a participé à plusieurs expositions et festivals au Canada, en Asie et en Europe. Elle faisait partie de l’exposition TransLife – International Triennial of New Media Art au National Art Museum of China de Beijing, a exposé à l’ambassade canadienne et à la galerie Le Déco à Tokyo ainsi qu’au Künstlerhaus de Vienne, et a participé au festival Break 2.3 à Ljubljana en Slovénie et au festival Elektra à Montréal, notamment. Elle a obtenu le prix Kenneth Finkelstein en sculpture, et a reçu le soutien du Conseil des arts du Manitoba, du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts du Canada.

http://janetingley.com/

Natacha Roussel
Take Off Your Legs

2000

Installation interactive

Marcher c’est mettre un pied devant l’autre, en écrasant le sol par ses pieds. Dans un sens plus figuré, marcher c’est tendre vers quelque chose, un but, un objectif. Dans Take off your Legs Natacha Roussel traite du thème de la marche à travers l’expérimentation du corps de l’autre par un déplacement qui ne va nulle part, car il n’est que mouvement. À partir d’un système interactif, elle met en scène des jambes mécaniques suspendues qui s’activent par la participation du spectateur afin que ce dernier mette en relation ses mouvements à ceux qui sont reproduits par la machine.

La première présentation publique de Take off your Legs prenait la forme d’une performance où une danseuse interagissait avec l’œuvre. Elle a ensuite été modifiée en pièce installative. L’artiste nous invite à activer cette prothèse en marchant sur un module, comportant une interface mécanique, placé tout près de l’œuvre afin d’interagir avec elle. Pour ce faire, ce dernier se place en position de monstration afin que l’œuvre bouge, fonctionne, prenne vie. Avec cette interface, l’artiste positionne le spectateur dans le présent en tant qu’élément central de l’action. Elle réussit ainsi à lui faire prendre conscience de sa propre verticalité, de sa démarche.

Natacha Roussel conçoit des interfaces physiques porteuses de contenu poétique, surréaliste ou sensoriel qui impliquent le participant intimement. Ces installations interactives vont de l’extension corporelle au vêtement interactif. Ces interfaces ont pris la forme d’objets sculpturaux manipulables ou plus récemment de costumes. Elle a mené une pratique indépendante de création soutenue par des bourses du Conseil des Arts du Canada (2004, 2006) et du Conseil des arts et des lettres du Québec (2001) pour réaliser des installations en résidence. Lors d’une maîtrise en design interactif (2004), sous la direction de Joanna Berzowska, elle s’est intéressée à la conception de vêtements interactifs. Elle concentre actuellement sa recherche artistique autour de ce sujet.

En 2003, elle fonde le collectif Experientiae Electricae, qui l’associe à un graphiste, à un électronicien et à un programmeur. Poussés chacun par le besoin de dépasser leurs supports, ils utilisent le potentiel qu’offre leur capacité collective pour intégrer des technologies basées sur des fonctionnements électriques rudimentaires aboutissant à des œuvres multimédias.

www.natacharoussel.com